L’eau des deux rivières – (Tome 1 : Angel) Patrick Fornos

L’eau des deux rivières est une saga familiale construite autour de la
guerre civile espagnole. Le roman est écrit du point de vue anarchiste, car
il se déroule en grande partie en Catalogne où l’anarchisme, en particulier
l’anarcho-syndicalisme, était largement implanté. Parmi tout un petit
monde de représentants pittoresques et savoureux de la Catalogne rurale
des année 20, dans le premier tome, l’auteur s’intéresse plus spécialement
à deux personnages, protagonistes antinomiques et complémentaires dont
les trajectoires individuelles vont sans cesser se croiser et se recroiser tout
au long du récit pour tisser la trame de la grande histoire.
Colette est issue d’une famille modeste mais aimante, elle va grandir
dans la légèreté et l’insouciance du lendemain jusqu’à ce que la révolution
d’abord, puis la guerre ensuite la rattrape. Ce sont les épreuves successives
qu’elle va traverser qui vont lui faire prendre conscience de sa condition et
lui permettre de devenir une femme au plein sens du terme.
Ángel, de son côté, va suivre un parcours opposé. Il représente le
négatif de Colette. Il va passer sa vie à se chercher pour finir par se perdre
complètement. Depuis la foi catholique qu’il a reçue à la tétine dans
en passant par le tourbillon du collectivisme bakouninien, le repli dans
l’individualisme nietzschéen de sa maturité et le spinozisme sans dieu de
ses dernières années, il va aller de désillusions en désillusions.
Une sorte d’Icare qui disparait dans le néant après avoir cru pouvoir
toucher les étoiles.